La course à pied m’a donné de nombreuses satisfactions individuelles mais aucune ne surpasse à mes yeux les joies que procure le groupe, l’équipe. Rien ne peut égaler le dernier relais (le quatre fois quatre cents mètres) qui clôture traditionnellement les grands championnats. Car l’effort individuel, voire égoïste, se transforme en don de soi total au profit du groupe, et ça n’a pas de prix.
Le relais des champs, disputé ce vendredi au départ de la place d’Angreau, permit ainsi, une nouvelle fois, de se retrouver dans un joyeux mélange entre générations, sexes, niveaux. Effort, amitié, bonne humeur. Pas seulement compétition.
Ainsi, deux générations de marathoniens de l’OBJ : Cyril Dufrane et moi. Cyril, du grec Kurios qui signifie “seigneur” et Dufrane, “du frêne” en picard ; Daniel, le prénom du prophète de Babylone contemporain du roi… Cyrus et Charneux, “du charme” en wallon… Nous étions faits pour nous entendre ! Un ancien marathonien de bon niveau (2 h 29’) et son successeur : Cyril a réalisé 2 h 45’ à Valence, voici quatre mois, malgré un dur métier (il soulève une tonne par jour dans son entreprise, “boissons service” à Roisin). Pas mal pour un gars qui, voici sept ans, pesait 108 kilos après l'arrêt du foot, puis qui s’est mis à courir avec beaucoup de courage. Je le remercie d’avoir sacrifié son propre résultat pour me relayer ce vendredi !
Et puis, prenons un autre marathonien, Bruno Cougneau (2 h 33’ comme record). Son fils Vincent a réalisé 2 h 48’ l’an passé. Avec qui Vincent prend-il la deuxième place ? Avec son neveu Hugo (fils de Vinciane et donc petit-fils de Bruno), quinze ans ! Quelques séances par semaine, pas plus de cinq kilomètres, une compétition le week-end (toujours sur courte distance) et… à peu près 3’40” au kilomètre. Celui-là devrait nous régaler dans les années à venir !
Un ami qui vient de disparaître avait coutume de classer les lecteurs en deux catégories : ceux qui ont lu Proust et les autres. On pourrait en dire autant pour la course à pied : les marathoniens et les autres. Ceux qui ont dompté la bête. Quoique. L’apprivoise-t-on jamais ? On croit que l’on est prêt, le parcours est super, la météo parfaite… et on se plante !
Elle aussi va se lancer, Florine Arlon. Blessée fin 2018, elle revient plus forte en avril 2019. Noël aux bobos, Pâques aux chronos… Avec son compagnon Caldy, elle termine quinzième, pas loin des 4’ au kilomètre. Et elle va commencer à préparer Valence…
Une qui en connaît un bout, rayon marathon, c’est Ariane Scoubeau, qui en disputa une cinquantaine (le meilleur en à peine plus de 3 h !) et boucle à nouveau le relais des champs avec son inséparable binôme Jean-Claude Polain (quatre-vingts ans…)
Enfin, n’oublions pas ces deux-là, qui survolèrent l’épreuve sans être marathoniens : Arnaud Meunier et Timothé Colqhoun : moins de trente minutes, record battu. Certains excellents coureurs de demi-fond n’ont jamais franchi le cap des 42 km 195, et cela n’enlève rien à leur mérite. D’ailleurs, eux aussi ont le temps…
Bref, le marathon, ça conserve, et les relais, ça réunit hommes et femmes, jeunes et vieux, doués et moins doués. À quand un marathon en relais, genre Ekiden, au programme des Belles du Haut-Pays ?