L’une de mes plus grandes joies printanières est d’entendre le coucou pour la première fois. Je l’ai évoquée voici dix ans dans “Maman Jeanne” :
« Je me souviens des mois de mai d’autrefois, les mois de mai qu’on appelait le mois de Marie. Chaque jour à trois heures, le prêtre disait le Salut. Et toutes les femmes du village étaient là pour prier. Toutes. Nous partions, ma sœur et moi, sur les chemins embaumés d’aubépine, et les oiseaux battaient des ailes, filaient au nid chargés d’insectes. Et le coucou appelait, appelait. Il me semble parfois que c’était moi qu’il appelait ainsi, sans espoir. Aujourd’hui encore, quand je l’entends pour la première fois, fin avril, début mai, il me semble marcher encore avec ma sœur sur les chemins gonflés de fleurs, vers le Salut. »
Cette année, j’ai tendu l’oreille dès le 20 avril lors de chaque sortie dans mon bois habituel (celui de Saint-Ghislain à Dour), voire sur le RAVeL le long du bois de Cocars : peine perdue.
Et voici que ce dimanche à 10 h 42, entre le huitième et le neuvième kilomètre du jogging des Leûs, au sortir du village d’Onnezies, son appel a retenti, d’autant plus émouvant que je ne l’attendais plus. Il semblait venir du « boquet à carbaux », comme on dit chez nous, ce « bosquet aux corbeaux », entre Onnezies et Autreppe, que j’ai si souvent parcouru et que nous avons encore traversé lors du jogging d’Autreppe. Tout n’est pas perdu : si l’espèce se raréfie, elle est toujours là, ce qui signifie une vingtaine de nids – hélas parasités – et donc la présence d’espèces de passereaux comme les bergeronnettes, fauvettes ou autres rousseroles.
Si vous l’avez aussi entendu pour la première fois et que vous aviez de l’argent sur vous, vous aurez de l’argent toute l’année. Ce n’était pas mon cas, hélas, mais son chant vaut tous les cadeaux.
Mais trêve de considérations ornithologiques : ceux qui ne sont pas venus hier ont eu tort ! 12°, fine pluie : des circonstances de course idéales et un parcours de toute beauté. Partir à l’aise, passer la seule vraie côte dès le premier kilomètre (l’encombrement sur la passerelle monolithique incita plus d’un à prendre le gué), puis s’amuser…
Parmi les quelque deux cents participants, épinglons un glorieux ancien et une (relativement) nouvelle :
Jean-Pierre Nigaut court depuis quarante ans ! Il a été sociétaire de l’OSGA, de Dour Sports, mais n’est aujourd’hui plus affilié à un club. Il s’entraîne encore « raisonnablement » quatre fois par semaine et réalise moins de 50’ sur les Leûs. Celui qui disputait de préférence les cross courts n’a qu’un marathon à son actif : 2 h 59’ tout de même ! Il garde le meilleur souvenir de la première édition du Grand Prix des Sylves (1981) où, après deux années de footing deux fois par semaine, il descendait déjà sous l’heure (sur 15 km) !
Sylvie Wauquier, elle, est sociétaire d’un club très dynamique, les Amis Joggeurs de Saint-Ghislain. Elle court depuis quatre ans. Si elle a souffert de quelques blessures au début, elle gère mieux sa monture aujourd’hui. Elle aime les dix kilomètres (53’ hier) et envisage de monter sur marathon en fin d’année. Comme beaucoup, elle a apprécié le magnifique parcours concocté par Olivier Motte et son équipe. Et son appréciation positive va à toutes les « Belles » du Haut-Pays qui méritent vraiment leur nom.
Qu’ajouter, sinon qu’il est évidemment impossible de citer tout le monde dans le cadre de cet éditorial. Hier, en tout cas, les victoires n’ont souffert aucune discussion : sur les 5 km 700, Cyril Thienpondt, en 20'10, distançait l’excellent minime Hugo Mirulla (21'26 soit 3’45 au km !), tandis que chez les dames, Eve Bourgeois (24'54) terminait loin devant Nancy Cougneau (27'30).
Sur les 10 km 200, François Decamk, en 35’23, prenait la mesure d’un duo de l’OBJ, Ludovic Monjet et Cougneau Vincent (37’59) tandis que, chez les dames, Florine Arlon (45’03) confirmait sa forme de ce début de saison en précédant Abeline Kapuczinski (46’36 « en dedans »…)
Si je vous dis que la prochaine épreuve du challenge est le jogging de la Pucelette à Wasmes, le lundi de Pentecôte, n’ayez pas peur : il vous reste trois semaines pour aller faire des côtes !