Trois semaines après une course des feuilles mortes à Montignies quelque peu improvisée, le trente-quatrième jogging du cœur a donné lieu à une démonstration d’organisation, justement récompensée par un record : plus de mille participants !
Mon ami Guy Ballez m’écrivait hier : « Ravi de ce succès mérité. Surtout pour ce jogging qui m'est cher puisque j'en suis le fondateur. J’ai tracé le circuit. Quand je pense que la première épreuve, il y a 31 ans !!! Comptait sept (7) coureurs. »
Guy ne se trompe que sur un point : il y a 31 ans, il y avait 136 coureurs à l’arrivée de l’édition 86, que j’ai remportée en 49’37. La distance était celle des éditions ultérieures : 14 km 380, et le deuxième était Michel Liemans, de l’U.S. Maubeuge.
L’édition dont parle Guy était la première, en 1984.
Petit rappel : vers 83 ou 84, un groupe a commencé à se réunir, le dimanche matin, rue planche Cabeille à Blaugies, chez Léa Cirriez et Robert Hénaut. Il y avait là mon père (Jacques Charneux), André Duray, les quatre Pierre (Vandamme, Descamps, plus deux qui portaient un nom d’objet et qui étaient à peu près du même niveau, Foulart et Lestrade), Jacques Smarzyk et Annie, Stanis Gasparri et Ani, Jean Brohez, Jean « le Polonais » dont personne n’a jamais pu prononcer le nom, Jules Depoortere, Walter Waroquier, sa femme Yvette Noël, et le frère d’Yvette, Robert (dit « Bob »), qui avait été l’un des premiers Dourois à courir le marathon (le premier ?), plus d’autres que j’oublie, bien sûr.
Puis, le groupe s’est réuni jusqu’à trois fois par semaine chez Léa et Robert : le lundi soir, le mercredi soir et le dimanche matin. Ensuite, plusieurs de ses membres se sont inscrits au nouveau cercle qui venait de se créer à Blaugies, l’OBJ (Olympique Blaugies Jogging) dont le président était alors Yvon Brogniez, et dont les chevilles ouvrières venaient de Spiridon Borinage : Guy Ballez, Jean-Pierre Frappart, peut-être aussi Jacky Genart (qui fonderait bientôt un nouveau groupe à Frameries).
« Avec nos jambes mais surtout avec notre cœur » est devenu le slogan de l’OBJ, d’où l’appellation de « jogging du cœur ». Il s’agit en effet d’affecter le bénéfice de la course à une œuvre philanthropique. L’a passé, par exemple, le comité de l'OBJ fut heureux de verser les bénéfices de l'organisation du jogging du cœur 2016 afin de permettre l'achat d'une joëlette pour l'école d'enseignement spécial La Clairière. Nous avons été heureux, hier, de côtoyer quelques-unes de ces « joëlettes » poussées (ou tirées) par quelques courageux.
Revenons en 2017 : une organisation impeccable, donc.
Zone de départ / arrivée barrée (circulation déviée, d’où sécurité des concurrents), zone de départ magnifiquement délimitée par des barrières Nadar (impossibilité de « voler le départ »), fléchage impeccable et signaleurs « proactifs », départ à l’heure malgré mille dossards à distribuer, rien ne fut laissé au hasard. C’était un plaisir de voir ces petits hommes (et femmes) en bleu et jaune s’activant comme des abeilles autour d’une immense ruche (la reine des abeilles, le nouveau président du club, s’appelle Bernard Richard).
10 degrés au thermomètre, pas de pluie, un vent très modéré contrairement à ce qui avait été annoncé : tout était réuni pour que chacun profite du superbe circuit conçu autrefois par Guy Ballez. Il y en avait vraiment pour tous les goûts, avec de longues portions asphaltées, des chemins de terre bien empierrés, 600 m de pavés, un passage boisé plutôt boueux et, peu avant l’arrivée, 400 m d’authentique cross-country dans le « sentier des amoureux ». Bref, un régal, tout autant que la bière du jour, la Moneuse, du nom de la brasserie croisée peu avant le dixième kilomètre et qui tire son nom de celui d’Antoine-Joseph Moneuse « capitaine des chauffeurs du Nord », bandit de grand chemin décapité sur la Grand-Place de Douai le 18 juin 1798.
Dans des circonstances pareilles, on ne pouvait saluer que de beaux vainqueurs : sur le 7 km, Gaétan Guelton chez les hommes, Lucile Doison chez les dames ; sur le 14 km, Grégoire Doison chez les messieurs et Françoise Théate chez les féminines.
Chose promise, chose due : j’ai promis à Christelle Pierrard de citer son jeu de mots. Alors que quelques abeilles obéjiennes s’affairaient au bar pour satisfaire les nombreuses commandes, quelqu’un demande un plateau. Christelle répond : « Pour Olivier » ? Chacun s’arrête, interloqué. Et Christelle reprend : « Ben oui, Olivier Platteau ! » (NDLR : coureur du J.C. Baudour)
Voilà, Christelle. Servie sur un plateau !