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Jogging la Clairière Vincent Van Gogh : digne des Hauts-Pays !


Tout le monde était d'accord à l'arrivée (et pendant la course) : ce parcours inédit, concocté par Thimotée Thiébaut, Aurélien Dufrasne et leurs amis de l'école de la Clairière, était digne des Hauts-Pays. Un vrai circuit de montagnes russes avec tout ce qu'il faut pour réjouir cœurs, poumons et mollets : côtes, descentes, pavés, asphalte, chemins de terre, terrils et bois, le tout dans un environnement chargé d'histoire.

Et d'abord, bien sûr, l'histoire de ce futur peintre de génie, Vincent Van Gogh, dont la maison de Cuesmes, sans doute plus connue, ne doit pas éclipser celle de Wasmes (non croisée sur le parcours, hélas, mais approchée à moins de 500 m, vers le kilomètre 3). En mars 1879, Vincent Van Gogh évoque la maison du 81, rue de Petit Wasmes à Wasmes, aujourd'hui devenue la rue Wilson à Colfontaine. Il est arrivé dans le Borinage en décembre 1879 où l'évangéliste Benjamin Vanderhaegen lui a trouvé ce logement appartenant à un boulanger. Ce dernier l'a aidé dans son parcours d'artiste. C'est dans cette maison, qu'il vit son compagnonnage avec les mineurs. À cette époque, il commence ses essais de dessin et c'est aussi de cet endroit qu'il écrit à son frère Théo de nombreuses lettres dans lesquelles il décrit avec émotion des villages abandonnés et silencieux ainsi que ses rencontres avec des hommes intelligents et courageux. Courageux, nous l'étions aussi ce dimanche vers 10 h, sachant que le parcours ne serait pas de tout repos. Les conditions de course, en revanche, étaient idéales : soleil, 12°, pas de vent... Un rêve ! Ça démarre en descente sur la rue de Warquignies. On vire bientôt à droite pour, par le sentier de Wasmes, atteindre le RAVeL que l'on suit en sous-bois pendant un km, histoire de prendre un bon rythme.

À la sortie du RAVeL, virage à droite et première bosse : la rue de la Cour, qui nous hisse jusqu'à l'abbaye du même nom. À gauche se dresse le bâtiment daté de 1772, dont la rénovation fut alors confiée par l'abbé de Saint- Ghislain à Jean Malengreau, maître maçon à Quaregnon. Le général Dumouriez s'installa à la Cour le 5 novembre 1792, veille de la victoire des troupes françaises sur les forces autrichiennes lors de la Bataille de Jemappes.

Virage à gauche rue Wilson, puis tout de suite après à droite, ruelle de la Cour. On traverse une autre cour... de ferme celle-là pour, peu avant le km 3, attaquer – déjà – la deuxième bosse, brève mais sèche ascension d'un terril (Borinage oblige). On descend ensuite la rue du Pachy pour, au 3 km 300, emprunter à gauche la rue de Marcasse puis la rue Tierne Carion, à 400 m de la maison de Van Gogh. Ah ! ces beaux toponymes borains : le « pachy », c'est la prairie, la pâture (Pâturages n'est pas loin...), le « tierne » ou « tienne », c'est la butte, le raidillon (en liégeois, le « thiers »). Heureusement, les organisateurs ne nous offriront pas le plus célèbre, le « tienne du Dragon », 250 m à 13,6 %...

En vue du rond-point, virage à droite en épingle à cheveux pour un nouveau beau sentier forestier qui mène à la ruelle Saint-Roch puis à la rue du Bois. Cinquième km, déjà. À notre gauche se dresse un épouvantail : la rue du Rossignol, principale difficulté du Grand Prix des Sylves. Ouf ! Nous ne l'empruntons pas mais, à la source, entrons dans le bois de Saint-Ghislain (autrefois propriété des moines de cette abbaye). Nous ne gagnons pas au change puisque ça va monter pendant deux kilomètres, jusqu'au terril du Sauwartan, d'abord en faux plat, puis en vraie grimpette. Ces 2000 m que nous dévorons dans l'autre sens au début du Grand Prix des Sylves, qu'est-ce qu'ils nous semblent longs ! Encore plus étant donné la boue amenée par les pluies de ce début d’automne... Consolation : ça va forcément redescendre !

Effectivement, au sortir du bois, ça dévale vers le Champ des Sarts par la rue de Bavay puis le beau sentier de l'Escouffiaux (encore un charbonnage), le sentier du Sac, tout droit entre les champs, avant de virer dans la rue de Marcasse et de traverser une partie des installations de cette fosse où Van Gogh descendit pour comprendre de l'intérieur les dures conditions de vie des mineurs. Conditions guère meilleures près d'un siècle plus tard : le 13 janvier 1953, un terrible coup de grisou éclate au charbonnage de Marcasse. Trois Belges, dix Italiens, deux Ukrainiens et deux Algériens sont tués et neuf sont blessés, tous âgés de 25 à 30 ans.

Bientôt, c'est la rue du Berchon, la descente vers l'arrivée, le bien venu ravitaillement.

Puis, la longue patience avant la remise des prix.

Un groupe de participants au 6 km s'est trompé vers la fin de l'épreuve, d'où une longue enquête pour établir le (ou plutôt un) classement.

Puis-je me permettre une suggestion pour l'édition 2018 du challenge ? Pourquoi ne pas préciser que si un coureur se fourvoie et réalise un parcours trop court, il est éliminé du classement du jour (mais conserve 50 points de participation au challenge) tandis que s'il effectue un parcours trop long, il est classé suivant son temps ?

Si, malgré un fléchage bien étudié et des signaleurs attentifs, certains s'égarent en chemin, il me semble qu'ils doivent en supporter la responsabilité. Attendre deux heures trente une remise des prix, un dimanche midi, ne plaide pas en faveur de notre challenge.

Heureusement, la Jonquille (autre symbole des Hauts-Pays) permit de patienter en bonne compagnie, et le rare Orval joua le même rôle pour celles et ceux qui n'apprécient pas la bière du Baron.

Je rêvais, rentrant chez moi, à un long circuit qui relierait tous les parcours des « Belles » : celui du jour présente des points de jonction avec le Grand Prix des Sylves, lui-même connecté avec le jogging des Stériles, qui possède un aiguillage avec les bosses de Wihéries, les foulées d'Éole, etc. Qui dessinera un marathon champêtre (voire un 100 km) ainsi conçu ? Quelque masochiste, sans doute...


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